Tibère

Réf. NEsp : NEsp, Fréjus, 2013, 045, p. 28-30.
  • Tête
  • Ronde-bosse
  • Marbre
  • Visuelle
  • Marbre blanc translucide à grains fins de type Luni
  • Ht : 22 cm ; lg : 16 cm ; Ep : 19,5 cm
  • Poids : 17 kg (avec la base)
  • Taille naturelle
  • À l'emplacement de chacune des oreilles, une mortaise courbe permettait d'encastrer une pièce rapportée : « Les oreilles sont absentes, à leur place, on voit des secteurs creusés dont la forme courbe suggère le contour du pavillon : il s'agit là sans doute de trous prêts à recevoir par greffe et collage,en particulier les oreilles sculptées séparément» (Terrer).
  • Le portrait, mutilé accidentellement, a subi un remodelage facial à l'atelier de restauration du musée du Louvre en 1954. La bouche et le menton ont été comblés au plâtre teinté lors de la restauration réalisée par M. Lireau.
  • 43.10
  • Fréjus musée archéologique
  • Fréjus, Var (Colonia Pacensis Forum Iulii Octavanorum, Narbonnaise, Salyens )
  • Fréjus, découvert par J. Formigé en 1928 dans les fouilles du parvis de la cathédrale, place de la République (aujourd'hui place Formigé)
  • 1928
  • indéterminé
  • Pour la datation, l'état de conservation, les transformations et restaurations empêchant une détermination précise,on peut hésiter entre le type de Bâle et le type de l'adoption. On reprendra la formule de E. Rosso : « Le portrait de Fréjus est comme une réplique du type de l'adoption fortement influencée par le type de Bâle.» Donc, la datation pourrait être, comme elle le propose, avant le changement d'ère, « peu après le mariage de Tibère avec Julie(11 av.J.-C.) et avant le départ du prince pour Rhodes en 6av. J.-C. ».
  • D'après Lemoine, Y., Satre S. (collab.), Fréjus, Nouvel Espérandieu IV, Recueil général des sculptures sur Pierre de la Gaule (H. Lavagne dir.), Paris, 2013, p. 28-30.
  • Tête de jeune homme imberbe au visage ovale. L'épiderme comportait de nombreuses brisures en facettes au niveau du milieu du cou, qui ont été effacées lors de la restauration. Une grande partie de l'épiderme a disparu et de nombreuses épaufrures sont visibles sur le visage et la chevelure. La partie centrale de l'arcade sourcilière droite et de la paupière supérieure est brisée. À l'emplacement de chacune des oreilles, une mortaise courbe permettait d'encastrer une pièce rapportée : « Les oreilles sont absentes, à leur place, on voit des secteurs creusés dont la forme courbe suggère le contour du pavillon : il s'agit là sans doute de trous prêts à recevoir par greffe et collage,en particulier les oreilles sculptées séparément» (Terrer). Le portrait, mutilé accidentellement, a subi un remodelage facial à l'atelier de restauration du musée du Louvre en 1954. La bouche et le menton ont été comblés au plâtre teinté lors de la restauration réalisée par M. Lireau. Aujourd'hui,la prothèse moderne lui restitue, sans doute improprement, une bouche inclinée vers la gauche. Un cliché antérieur à cette intervention présente l'état de conservation avant 1954. On distingue nettement à l'emplacement de la lèvre inférieure une mortaise horizontale (environ 4cm de longueur et 1 cm de hauteur). Un large plan de cassure est visible entre le deuxième tiers supérieur de l'arête nasale et le menton. Le vestige brisé et grossièrement pyramidal d'un possible bouchon d'encastrement n'est aujourd'hui plus visible puisqu'il a servi de support à la réalisation de l'actuel socle parallélépipédique. À l'arrière du crâne, sur la partie arrière de la région pariétale, une bande rectiligne (longueur 8 cm ; largeur 1,8 cm ; épaisseur 0,5 à 0,8 cm)a été aménagée légèrement de biais afin d'y placer un dispositif d'assemblage dont l'extrémité à angle droit venait se loger dans une mortaise circulaire(diamètre 1,1 cm).
  • Le faciès de ce portrait est caractéristique des premières représentations de Tibère et rappelle le type de Bâle défini par D. Boschung(171). La tête est très légèrement penchée vers la gauche et s'incline dans la même direction. Le visage massif aux formes pleines et à l'important volume céphalique(typique des portraits de Tibère) est ici non conventionnel. En effet,la figure est plutôt ovale, comme retravaillée. Le volume de la chevelure est peu développé. La répartition des mèches frontales est toutefois caractéristique des représentations de Tibère : de part et d'autre d'une fourche centrale de courtes mèches peignées se divisent en direction des tempes. En revanche, le traitement de la chevelure renvoie au dernier portrait de l'empereur, comme le remarque D.Terrer, en le comparant à une tête conservée au musée de Benghazi(172), datée de 32 apr. J.-C. En-dehors des mèches frontales, la coiffure adhère au crâne et présente des boucles individuelles détaillées, « cheveux descendant bas sur la nuque, mèches en virgule sur les joues, tournoyant à partir de l'occiput » (Gascou,Terrer). Le front est court,les arcades sourcilières semblent présenter un « sfumato », sans doute accentué par l'usure de la surface originelle. Les paupières supérieures sont ourlées alors que les inférieures sont à peine débordantes. Les yeux sont grands ouverts et les globes oculaires,légèrement saillants, sont lisses. On retrouve «ce globe oculaire un peu proéminent dans la grande tête de Vaison-la-Romaine conservée à Avignon(173),également sur la tête découverte à Avignon sur le forum(174), ou encore, pour nous en tenir à des exemplaires trouvés en Gaule, sur le Tibère de provenance inconnue conservé à Toulouse(175)»(Terrer). Gascou, Terrer l'indiquent : « La tête présentait au moment de la découverte de nombreuses mutilations. A-t-on voulu détruire l'image de Tibère comme le firent les habitants de Nîmes ? Ou bien a-t-elle échappé aux chaufourniers après avoir été entassée avec d'autres marbres ? » Aucun indice ne permet de répondre à cette interrogation. Selon Rivet et alii, la tête pourrait peut-être appartenir à la même statue que l'un des deux fragments de personnages cuirassés (n° 065-066) découverts en remploi dans la façade de l'aile occidentale du cloître. Une étude des proportions de ces trois pièces, associée à une étude stylistique, remet en cause cette hypothèse et démontre qu'il s'agit de trois rondes-bosses distinctes. En effet, les proportions de la tête permettent de restituer un personnage d'une hauteur d'environ 1,75 m, alors que les dimensions des cuirasses permettent d'envisager une statue de plus grande taille, entre 1,90 m et 2 m de hauteur. En outre, malgré le caractère souvent composite des rondes-bosses de grande taille,on pourra remarquer la différence de matériau entre la tête sculptée dans un marbre blanc de type Luni et les deux cuirasses taillées dans un marbre blanc à veines grises. En 1954, à l'occasion de sa restauration au Louvre, Charbonneaux l'identifie pour la première fois comme une représentation de Tibère jeune. L'œuvre,non publiée jusqu'alors, est donc absente de la monographie consacrée aux représentations de Tibère de L. Polacco en 1955. En 1981, D.Terrer s'interroge sur la contradiction manifeste que l'on observe entre les traits du visage et la morphologie de la coiffure. En effet, le massif capillaire peu développé ne s'apparente pas clairement à la morphologie des portraits de Tibère dont le volume céphalique est très développé, en dehors de la frange frontale caractéristique. Le dispositif de pièces rapportées sur les portraits est connu,en particulier le nez et la chevelure(176) ; cependant la réalisation de prothèses pour les deux oreilles et la bouche apparaît plus énigmatique. Plusieurs hypothèses peuvent être envisagées. Il pourrait correspondre à une réattribution de la tête à un autre personnage (Drusus Major ou Germanicus ?) ce qui expliquerait la modification possible du volume de la chevelure et la morphologie des oreilles et de la bouche fine et pincée, typique des portraits de Tibère. On peut aussi y voir une réparation après un accident antique indéterminé. Selon D. Terrer, « cette technique des pièces rapportées est connue à l'époque hellénistique. On la retrouve utilisée pour le Tibère d'Arles(177) comme pour celui de Narbonne(178). Mais il s'agit peut-être dans le cas présent, non d'un état originel, mais de réparations ». Un tel aménagement,courant dans l'Antiquité, est également visible sur la tête d'adolescent (Tiberius Gemellus ?) conservée au musée Saint-Raymond de Toulouse(179). En 2006, E. Rosso adopte l'identification avec Tibère et précise : «La frange frontale, en revanche, avec ses mèches courtes et parallèles, est plus proche des effigies du "type de l'adoption" : un détail caractéristique me paraît être la présence, au-dessus de l'œil gauche, dans la rangée de mèches située immédiatement au-dessus de la frange,d'une petite fourche. Cette particularité se rencontre,par exemple,sur un portrait conservé à Rome,au musée du Capitole (Stanza degli Imperatori 3).» Pour la datation, l'état de conservation, les transformations et restaurations empêchant une détermination précise,on peut hésiter entre le type de Bâle et le type de l'adoption. On reprendra la formule de E. Rosso : « Le portrait de Fréjus est comme une réplique du type de l'adoption fortement influencée par le type de Bâle.» Donc, la datation pourrait être, comme elle le propose, avant le changement d'ère, « peu après le mariage de Tibère avec Julie(11 av.J.-C.) et avant le départ du prince pour Rhodes en 6av. J.-C. ».

    Blanchet et alii 1932, p. 12, n° 20(?) ; Terrer 1981 ; Gascou, Terrer 1996, p. 34-35, fig. 4-5 ; Rivet et alii 2000, p. 195 et 407, fig. 735 ; Rosso 2006, p.367-369, n°134.

    171 Boschung 1990, n°252, p. 369.
    172 Polacco 1955, p. 144, pl. XXXVll.
    173 Espérandieu III (1910), 2581.
    174 Ibid., 2552.
    175 Espérandieu II (1908), 1012.
    176 Voir par exemple les portraits coiffés d'une couronne rapportée d'Auguste à Luni (Terrer, Salviat 1983, fig. 3) ou de Tibère à Chiragan (Balty, Cazes 2005, p. 177-178.
    177 Rosso 2006, p. 328-330,n° 113.
    178 Ibid., p. 391-392, n° 160.
    179 Balty, Cazes 2005, n°2, p. 100-118 ; d'autres parallèles sont énumérés dans la note I, p. 101.