Acrotère en forme de masque tragique

Réf. NEsp : Nesp, Fréjus, 2013, 128, p. 64.
  • Acrotère
  • Ronde-bosse
  • Grès
  • Visuelle
  • Grès jaune
  • Ht : 66 cm ; lg : 38 cm ; Ep : 27 cm
  • Grande taille
  • 003.1.170 (ancien n° 75.10.1)
  • Fréjus musée archéologique
  • Fréjus, Var (Colonia Pacensis Forum Iulii Octavanorum, Narbonnaise, Salyens )
  • Fréjus, théâtre antique (selon Février)
  • inconnue
  • Théâtre
  • Dernier tiers du Ier s. ap. J.-C.
  • D'après Lemoine, Y., Satre S. (collab.), Fréjus, Nouvel Espérandieu IV, Recueil général des sculptures sur Pierre de la Gaule (H. Lavagne dir.), Paris, 2013, p. 64.
  • Cet acrotère en forme de masque de théâtre d'expression tragique, de taille deux fois supérieure à la moyenne, présente quelques épaufrures sur la surface du visage, dont le nez brisé est la principale lacune. Le bloc ne comporte aucun dispositif de scellement.
  • Présenté sur une base à trois bandeaux lisses superposés, en retrait de haut en bas, le visage est encadré par l'onkos, haute perruque dont les mèches disposées verticalement retombent de chaque côté du visage en une superposition de boucles torsadées très régulières, réparties en diagonale. La bouche est grande ouverte, les lèvres légèrement sinueuses conférant au visage une expression tragique, voire pathétique. On connaît ce type d'images empruntées au théâtre qui décorent les tombeaux depuis la fin de la République. L'exemple le plus représentatif est celui d'une tombe en tholos datant du deuxième Triumvirat, sur la Via Appia antica à Rome, où la partie la plus élevée de la rotonde comportait, en façade, des masques identifiés comme Bacchus, Sol, Jupiter et un héros tragique non reconnu(351). H. Möbius(352) puis H. Lavagne en 1989 en ont étudié les principales représentations en Gaule et montré que ces masques à valeur apotropaïque sont souvent placés comme acrotères aux angles du tomheau ou de l'enclos funéraire. L'absence de tenon de scellement au revers de l'exemplaire de Fréjus empêche de se prononcer sur son emplacement d'origine. Faute d'attributs spécifiques (lierre, corymbes, taenia), il est impossible d'identifier ce masque tragique. Plusieurs éléments sont remarquables : les boucles torsadées, de facture sèche et simplifiée, sont à peine dégagées et rappellent celles que l'on voit sur un masque de Lyon(353) ou sur un autre exemplaire de Castelnau-Montratier(354). D'autre part, le masque de Fréjus ne porte pas la traditionnelle taenia sur le haut de l'onkos, mais c'est souvent le cas dans les masques de facture provinciale, comme à Antequera(355), à Saint-Rémy-de-Provence(356) ou à Vaison-la-Romaine(357). Le contour du visage détaché en fort relief par rapport aux parties latérales de l'onkos et la même expression tragique se retrouvent sur les masques d'Aix-en-Provence(358), Sisteron(359), Vaison-la-Romaine(360), Vienne(361), dans un mausolée de Trion à Lyon(362), à Saintes(363) et encore à Nasium(364). Mais l'originalité particulière du masque de Fréjus est l'absence de creusement de la pupille, ce qui l'apparente aux masques du mausolée de Cucuron(365) datés du dernier quart du Ier siècle apr. J.-C. Les Dossiers de l'archéologie 13, novembre-décembre 1975, couverture ; Février 1987, p. 101 ; Lavagne 1989 ; Lavagne 1990, p. 192, note 41 ; Castorio, Maligorne 2007, p. 58, n° 8 (?) ; Béraud, Gébara, Rivet 2008, p. 105.

    351 Von Sydow 1977, p. 276-278, fig. 30-33.
    352 Möbius 1961.
    353 NEsp. II, Lyon, 2006, n° 282.
    354 Gallia 22/2 (1964), p. 460-461.
    355 Rodriguez Oliva 2004, p. 53, fig. 10.
    356 Espérandieu IX (1925), 6727.
    357 Espérandieu I (1907), 292.
    358 CAG 13/4 (2006), p. 255. fig. 462.
    359 CAG 04 (1997) p. 466, fig. 438.
    360 CAG 84/1 (2003), p. 374, fig. 635.
    361 NEsp. I, Vienne, 2003, p. 118, n° 282, pl. 195.
    362 NEsp. II, Lyon, 2006, p.109, n° 327, pl. 117.
    363 Espérandieu lI (1908), 1352.
    364 NESp. III, Leuques, 2010, p. 297-298, n° 894, pl. 161.
    365 Lavagne 1990.