Portrait de Marcellus ?

Réf. Esperandieu : 15-8752
  • Marcellus (Famille impériale)
  • Tête (Tête à sabot d'encastrement)
  • Ronde-bosse
  • Marbre
  • Visuelle
  • Marbre blanc
  • Ht : 42 cm
  • Ht. tête : 25 cm.
  • Taille naturelle
  • CRY.51.00.
  • Arles musée départemental Arles Antique
  • Arles, Bouches-du-Rhône (Colonia Iulia Paterna Arelate Sextanorum, Narbonnaise, Salyens )
  • Découverte à Arles en 1952, dans la galerie nord des cryptoportiques.
  • 1952
  • Cryptoportiques
  • 26-25 av. J.-C.
  • D'après ROSSO 2006 : Rosso, E., L'image de l'Empereur en Gaule romaine. Portraits et inscriptions, Paris, 2006, p. 322-325.
  • Le portrait est presque intact : seule une partie de l'oreille gauche manque. Quelques éraflures endommagent le front, l'extrémité du nez, la paupière supérieure gauche ainsi que la mèche de cheveux située au-dessus de l'oeil gauche. Enfin, près du vertex, un éclat de marbre assez important a sauté.
  • Ce portrait était destiné à être inséré dans le corps d une statue. La découpe du bouchon d'encastrement semble indiquer qu'il s'agissait d'un torse cuirassé. La tête est très légèrement tournée vers la droite ; le visage est long et fin, le nez légèrement busqué, et la bouche à la lèvre inférieure charnue est entrouverte. Une légère barbe, rendue par de fines incisions en forme de volutes, recouvre les joues et le menton. La chevelure est travaillée d une manière très graphique : à un premier groupe de mèches parallèles peignées vers la gauche, qui occupent la moitié droite du front, succède une pince au-dessus de l'angle interne de l'oeil droit, qui ménage la transition avec une seconde séquence de quatre mèches, dirigées vers la droite ; les autres mèches sont peignées en direction de la tempe, formant ainsi une fourche au-dessus de l'oeil gauche. La série de répliques dont le portrait arlésien est l'un des meilleurs représentants compte parmi les types iconographiques les plus controversés de la période augustéenne. Depuis l'étude d'O. Brendel qui, en 1931, établit le premier classement typologique de ce qu'il identifiait comme le « type B » de l'iconographie d'Octave, datable des années 43 à 37 av. J.-C. — c'est l'attribution que retint F. Benoît lors de la découverte du portrait d Arles —, le débat s'est « cristallisé » principalement autour de deux attributions : Auguste jeune et Gaius César. L'une des rares certitudes concernant ce type est qu'il est étonnamment proche des effigies d'Auguste du type Prima Porta ; selon que l'on retient l'une ou l'autre des identifications envisagées, on considère donc qu'il l'annonce ou qu'il en dérive. De même, la ressemblance avec les traits du princeps peut s'expliquer, dans le cas où la série figurerait Caius, par des considérations dynastiques visant à présenter le futurus Augusti successor comme un « nouvel Octave ». Enfin, la barbula présente sur plusieurs exemplaires, dont ceux d Arles et de Vérone , s'expliquait tour à tour comme la barbe de deuil portée par Octave après la mort de César ou par Caius après celle de Lucius. On l'aura compris, la principale difficulté réside dans le fait que les arguments invoqués à l'appui d'une identification peuvent également être utilisés pour appuyer également l'autre attribution. Cette impasse a pour conséquence des oscillations périodiques dans les attributions ; alors qu'un relatif consensus semblait établi sur l'attribution du type à Caius, A. K. Massner et plus récemment B. Grassi et S. Zanini(311) (à propos des effigies de Vérone et d'Aquilée) sont revenus à l'identification avec Octave, malgré la difficulté méthodologique lourde que présente l'évidente antériorité du type Prima Porta sur les répliques du « type B » de Brendel. Une conclusion semble toutefois s'imposer ; ni l'attribution à Caius ni celle à Octave n'emportent réellement l'adhésion. La physionomie, notamment, est différente à la fois des répliques du type La Alcudia d'Octave et de l'effigie de Caius de la basilique de Corinthe : le visage est plus long et plus anguleux, la bouche plus charnue, les pommettes plus saillantes. Au sein de ce débat, une proposition est régulièrement passée sous silence : celle de J.-Ch. Balty, qui proposait de reconnaître dans ce groupe de portraits Marcellus, neveu et premier héritier présomptif d'Auguste(313). Cette identification permet à la fois de rendre compte de l'Angleichung avec le princeps — le type serait presque contemporain de la création du type Prima Porta - et des divergences physionomiques et typologiques observables par rapport aux effigies des Caesares. J.-Ch. Balty distingue deux types de l'iconographie du prince prématurément décédé : un type créé du vivant du prince, vers 26-25, date à laquelle s'affirme la ligne dynastique du régime, et un type posthume, aux traits plus idéalisés, fortement influencés par la célèbre statue de Cléoménès conservée au Louvre (inv. Ma 1207. K. de Kersauson, 1986, n 18, p. 46-47). La réplique d'Arles qui appartient sans hésitation à cette première version, en serait ainsi précisément datée des années 26-25 av. J.-C. ; la présence de la barbula confirme cette datation et indique une date antérieure au mariage du prince avec Julie. À ce stade la démonstration, il convient d'introduire un élément contextuel d'importance : la copie marmoréenne « réactualisée » du clipeus uirtutis de la curie romaine, qui serait parfaitement contemporaine. Le jeune prince ayant participé avec Auguste à la guerre contre les Cantabres et ses succès militaires ayant donné lieu à une célébration particulière dans la littérature(314), on pourrait imaginer que les deux œuvres procèdent d'une même dédicace, destinée à honorer les uirtutes de l'empereur et de son futur gendre.

  • Espérandieu- R. Lantier, XV, 8752 (Octave) ; F. Benoît, BSAF 1950-1, p. 161 (Octave) ; id., 1952, p. 33-48, fig. 1 -8 ; H. Schoppa, 1957, p. 47, pl. 1 ; V. Poulsen, 1962, p. 22 ; P. Zanker, 1973, p. 50, n. 28 (membre de la famille julio-claudienne) ; K. Fittschen, 1977, p. 37-8 (C. César); J.-Ch. Balty, 1977, p. 102-118, pl. 25-2, 27-2 (Marcellus) ; K. Fittschen, 1977, p. 35, II-2 (prince julio-claudien : Caius César ?) ; J.M.C.Toynbee, 1978, p. 54,fig. 73 (Octave) ; F. Salviat - D. Terrer, 1981, p. 18-19, 36-7(fig.) (Octave); H. G. Frenz, 1982, p. 379 n. 36, pl. 39-7 (Octave) ; P. Gros, 1987b, p. 349, fig. 9 (Caius César) ; Z. Kiss, 1975, p. 39, 117, 164-5, fig. 604(Auguste) ; K. Fittschen, 1977, p. 35 (112) ; U. Hausmann, 1981, p. 529, 533 (Octave) ; H. Jucker, 1981b, p. 294 (Octave) ; A. K. Massner, 1982, p. 11 n. 58 n° 1, 12 n. 65, 17, 26, pl. 4 c-d, 5 b (Octave type B) ; J. Pollini, 1987, p. 60, 71, n° 30 p. 104, pl. 31 (Caius César, type V, début du règne de Tibère) ; P. Gros, 1991, p. 137-8 (Caius César) ; D. Boschung, 1993a, p. 51, n. 183 (Caius César) ; Cl. Sintès (dir.), 1996, n° 26 p. 50 (Caius César).
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