Portrait de Livie

Réf. Esperandieu : 01-0528, 05 ; 15-8697
  • Livie (Impératrice)
  • Tête (Tête à sabot d'encastrement)
  • Ronde-bosse
  • Marbre
  • Visuelle
  • Marbre blanc très fin et plus brillant que celui utilisé pour les têtes de Germanicus et Drusus Minor découvertes dans le même lieu.
  • Ht : 35 cm ; lg : 25 cm
  • H. tête : 21,5 cm.
  • Taille naturelle
  • 30.006
  • Toulouse musée Saint-Raymond
  • Toulouse, Haute-Garonne (Colonia Urbs Iulia Baeterra Septimanorum, Narbonnaise, Volques )
  • Découverte en 1844 à Béziers, rue P. P. Riquet, maison Gasc.
  • 1844
  • indéterminé
  • Type Béziers-Kiel : 14-22 ap. J.-C.
  • D'après ROSSO 2006 : Rosso, E., L'image de l'Empereur en Gaule romaine. Portraits et inscriptions, Paris, 2006, p. 355-357.
  • Ce portrait est presque intact : le front et les paupières supérieures sont très légèrement épaufrés, et un éclat de marbre a sauté sur le rebord du sabot d'encastrement, du côté gauche.
  • La tête, destinée à être insérée dans une statue grandeur nature, est légèrement tournée vers la gauche. La coiffure est du type « Mittelscheitelfrisur » : deux épais bandeaux ondés partent d'une raie médiane et couvrent la partie supérieure des oreilles avant d'être enroulés sur eux-mêmes de manière à former un bandeau plus fin qui est pris à l'arrière de la tête dans un chignon ; celui-ci, placé assez haut sur la nuque, est composé d'un enroulement de tresses. Le nez est fort, légèrement busqué, et le menton proéminent ; les lèvres sont fines et le visage plat, large aux pommettes. Le type iconographique auquel appartient ce portrait a suscité, ces dernières années, d abondants commentaires ; considéré comme une image de Livie par V. Poulsen(380) et W. H. Gross, dans son étude sur les effigies de Iulia Augusta(381), il a été attribué tout récemment à Julie, sœur d'Auguste, par D. Boschung, en raison de divergences physionomiques avec les portraits assurés de l'impératrice. Avant de discuter l'identification proprement dite du personnage, il convient de se pencher sur les répliques du type auquel appartient le portrait de Béziers : il est caractérisé par une Mittelscheitelfrisur où apparaissent de part et d'autre de la raie médiane deux épais bandeaux ondés se déployant en quatre vagues successives jusqu'aux oreilles, dont ils couvrent la partie supérieure ; or cette coiffure se trouve reproduite à l'identique sur un portrait conservé à Kiel et publié en 1976 par B. Freyer-Schauenburg, qui a proposé de le rattacher à l'iconographie de Livie. De fait, la filiation, dans la forme du chignon notamment, avec les portraits où l'impératrice porte encore le nodus - c'est-à-dire les types Marbury Hall et Copenhague 615 de D. Boschung(382) - est absolument indéniable ; elle est confirmée par des caractéristiques physionomiques semblables, perceptibles surtout de profil : dans les deux cas, le nez est long et fin, légèrement busqué, le menton rond, le cou allongé. Formellement, ce type Béziers-Kiel, selon la dénomination de D. Boschung, se situe donc à mi-chemin entre le type à nodus caractéristique de l'époque augustéenne et le type Salus diffusé par les monnaies de 22-23 ap. J.-C. : les portraits en ronde bosse gardent la coiffure à Mittelscheitelfrisur, mais au lieu des deux bandeaux stricts aux cheveux lissés des exemplaires de Toulouse et de Kiel, on trouve des mèches beaucoup plus petites et plus nombreuses, aux crans plus fins, dont l'agencement rappelle davantage les figures idéales de la Grèce classique. Il y a, bien sûr, toutes les raisons de penser que cette évolution formelle correspond à une évolution chronologique ; le type Béziers-Kiel pourrait donc être daté des années comprises entre la mort d'Auguste en 14 et l'apparition du type Salus en 22-23 ap. J.-C. Toutefois, D. Boschung a récemment contesté l'identification de ces portraits, en raison de divergences physionomiques qu'il croit repérer dans la forme des arcades sourcilières, du visage, des yeux, et il propose de voir Julie, sœur d'Auguste, dans cette série d'effigies(383) ; mais comme nous l'avons vu, le portrait de Béziers et celui du Fayoum, qui se prêtent à la comparaison en raison de leur excellent état de conservation, représentent bien la même personne. L'identité de ces portraits a d'ailleurs été reconnue, plus récemment encore, par J.-Ch. Balty(384) et par E. Bartman, qui font bien du type «Béziers-Kiel» un type intermédiaire et distinct du type Salus(385). Dans cette dernière étude, cette évolution lente est présentée comme le reflet d'une incertitude dans le véritable statut à conférer à Livie : à la fois femme et fille d'Auguste, prêtresse du culte de son mari divinisé, elle avait acquis une importance qu'aucune femme de la famille impériale n'avait eue auparavant ; d'où la nécessité de renouveler son image au moment de l'avènement de son fils(386). Par conséquent, entre l'image traditionnelle, bien ancrée dans une époque et diffusée pendant tant d années, et celle, ouvertement divinisante, qu'elle a adoptée en 23, le type Béziers-Kiel reflète les hésitations de la politique du règne de Tibère et constitue une sorte de compromis. 380. V. Poulsen, Acta Arch., 17, 1946, n°5, p. 10-12. 381. W. H. Gross, 1962, p. 109-110. 382. D. Boschung, l993b, p. 45-7. 383. ibid p. 48-9, fig. 17-8 Ea. 384. J.-Ch. Balty-D. Cazes, 1995, p. 98. 385. E. Bartman, 1999, p. 144-45, fig. 116-9. 386. Ibid., p. 116.