Fragment de torse cuirassé

Réf. NEsp : NEsp, Fréjus, 2013, 066, p. 39-40.
  • Torse (Personnage masculin)
  • Ronde-bosse
  • Marbre
  • Visuelle
  • Marbre blanc translucide à veines grises à grains fins de type Luni (« bardiglio » ?).
  • Ht : 41 cm ; lg : 14,5 cm ; Ep : 21 cm
  • Grande taille
  • 003.1.172 (ancien n° 90.10.14 A)
  • Fréjus musée archéologique
  • ,
  • D'après Rivet et alii, découvert en 1982 lors des restaurations de la façade de l'aile occidentale du cloître de Fréjus.
  • 1982
  • Ier - 1ère moitié du IIe s. ap. J.-C.
  • D'après Lemoine, Y., Satre S. (collab.), Fréjus, Nouvel Espérandieu IV, Recueil général des sculptures sur Pierre de la Gaule (H. Lavagne dir.), Paris, 2013, p. 39-40.
  • Ce fragment de torse cuirassé retaillé en bloc d'appareil faisait partie à l'origine d'une ronde-bosse de taille supérieure à la moyenne. La partie conservée est le côté droit de la cuirasse. Sur sa partie supérieure, l'arrachement du bras est souligné par la courbe marquant son dégagement à travers la cuirasse au niveau de l'aisselle. Une partie de la courroie de l'épaulière se rabattant sur le pectoral (sans décor et encadrée par deux bandes latérales) est conservée sur l'extrémité du pectoral droit. Le flanc du personnage conserve la jonction entre le plastron et la face arrière de la cuirasse marquée par deux fines bandes verticales accolées en relief. La partie  conservée de la cuirasse anatomique qui s'étend vers le buste montre des muscles saillants entre le grand den telé et le grand oblique. En dessous, deux motifs super posés en relief sont partiellement conservés. Le registre supérieur montre l'extrémité d'un élément en demicercle, pouvant vraisemblablement être identifié comme une queue animale. Sa morphologie et l'iconographie tendent à la rapprocher de celle d'un griffon, dont le modèle est couramment rencontré sur de nombreuses statues cuirassées où l'animal est toujours accompagné du même animal mythique en position affrontée, tous deux séparés par un élément végétal complexe. Ici, à la partie inférieure, au-dessus du culot d'une acanthe qui prenait naissance sur la partie centrale des plis de l'aine, on distingue la volute de gauche dont les larges gaines se terminent par des spirales à enroulements. De la gaine inférieure s'échappent deux tigelles en position opposée qui s'achèvent en deux rosettes à cinq pétales autour d'un bouton central. Au centre de la composition, s'élève à la verticale une tige qui se développe en un calice trifide avec un dard médian en fer de lance et deux pétales latéraux en crocs. La partie inférieure de la cuirasse dessine la crête iliaque. On y distingue la naissance de quelques ptéryges dont l'une porte encore les vestiges d'un décor apotropaïque ou symbolique (extrémités de mèches bouclées d'une tête ?).
    Ce type de cuirasse impériale (223) devait présenter des griffons affrontés s'appuyant sur des rinceaux d'acanthes à l'image de la cuirasse de Drusus Major conservée au Museo Gregorio Profane du Vatican (224), de celle d'une statue cuirassée, datée du deuxième quart du siècle apr. J.-C., conservée au musée archéologique de Naples (225) ou encore d'un torse cuirassé, daté de la même époque, conservé au Museo delle Marche à Ancône (226). Le dessin du rinceau d'acanthes et surtout la forme très particulière de l'élément végétal central qui forme un axe de symétrie autour duquel s'organise le décor rappelle aussi un motif très proche sur la cuirasse d'une statue conservée au palais des Conservateurs à Rome où l'on retrouve le même effet de jaillissement de la tige à partir du culot central. Vermeule (227) la datait de l'époque flavienne, M.  Cadario (228) n'exclut pas de descendre jusqu'au IIe siècle. Une comparaison s'impose avec les rinceaux d'acanthes qui naissent de la végétalisation des griffons, telle qu'on la voit sur le cratère d'Hildesheim (229). Un autre rapprochement peut être fait avec le décor d'un casque trouvé au théâtre de Lyon (230) où l'on retrouve les griffons, les volutes d'acanthes et les rosettes finement incisées semblables à celles de la pièce fréjusienne. La datation proposée s'étend des Flaviens jusqu'à l'époque d'Hadrien.
    La très belle facture de l'œuvre, l'épaisseur de la tige et des rinceaux d'acanthes, la morphologie des rosettes et la tige lancéolée sur le plastron constituent des éléments permettant de placer cette représentation d'un empereur cuirassé entre le Ier siècle apr. J.-C. et la première moitié du IIe. Ce torse cuirassé pourrait avoir appartenu à une statue impériale, mais la datation exclut Tibère (n° 045) et probablement aussi Commode (n° 046).

  • Rivet et alii 2000, p. 407, fig. 737a ; Rosso 2006, p. 372, n" 139, fig. 110b.

  • 223 Vermeule 1959 ; Picard 1983.
    224 Inv. n° 9963 ; Fuchs, Liverani, Santoro 1989, p. 65-67, fig. 39-41.
    225 Inv. n° NM 6092 ; Stemmer 1978, n° VII.3, p. 76-77.
    226 ibid., n° III.2, p. 32.
    227 Vermeule 1959, n° 99, p. 46.
    228 Cadario 2004, p. 360-361, pl. XLVII/I.
    229 Sauron 1993, p. 79-80, fig. 5.
    230 NEsp. II, Lyon, 2006, n° 351.