Fragment appartenant à une ronde-bosse d'un personnage féminin. La statue, lacunaire, ne conserve que l'extrémité inférieure du drapé recouvant les tibias et les pieds. La face arrière est piquetée du bas jusqu'à 30 à 35 cm de hauteur (212).
Utilisation du foret (diamètre 4 mm) pour réaliser les creux des rouleaux horizontaux du drapé retombant contre la plinthe. Nombreuses marques de stries parallèles dans le creux des plis témoignant de l'emploi d'un outil à tranchant dentelé.
Cette ronde-bosse disposée sur une base haute de 9 cm représente un personnage féminin debout, vêtu d'un himation recouvrant un chiton. Le pied droit est visible à travers le drapé jusqu'au cou-de-pied ; le pied gauche ne laisse dépasser que la pointe. Le personnage porte des calcei dont les semelles sont constituées de
fines incisions horizontales superposées. Les plis verticaux du chiton présentent des terminaisons courbées en volutes au contact du sol et des calcei. Ces extrémités
légèrement relevées sur le sol, dessinent deux mouvements opposés, l'un vers la gauche, l'autre vers la droite, le changement de direction se faisant à l'emplacement du pied dépassant du vêtement. La finesse d'exécution de l'œuvre se distingue en particulier par ces plis rapprochés et aux creux profonds (jusqu'à 6 cm). Les courbes de l'himation sont mises en relief par les arêtes vives de ces plis qui convergent vers la cheville droite. Animé par ce fort mouvement en diagonale vers la droite, le vêtement est marqué par un large pli creux et profond, encadré par des plis presque plats. Le positionnement du pied encore visible et l'ordonnance des plis du drapé permettent de restituer la pondération du personnage, à gauche, et il devait être de taille proche du naturel.
On reconnaît là une dérivation de l'attitude de la Petite Herculanaise (au musée de Dresde) qui a connu tant de répliques à l'époque impériale (213). Une copie assez proche est celle de la Petite Herculanaise du musée de Vicenza (214), datée de l'époque julio-claudienne, qui s'insère dans la série des Herculaneum Women analysée par M. Bieber (215). On y retrouve le même académisme un peu lourd dans le traitement des plis et dans le détail du pied gauche complètement recouvert par le tissu, en suivant fidèlement les canons du modèle hellénistique. On peut aussi la rapprocher d'une statue de Déméter (ou d'une déesse de la fécondité) autrefois à Lyon (216).
Ce fragment présente de nombreuses similitudes avec la ronde-bosse décrite dans la notice suivante et retrouvée 16o ans plus tard, dans le même comblement de la natatio des thermes du port. De nombreuses données sont identiques et semblent s'accorder pour proposer de réunir les deux éléments et de restituer une seule statue féminine debout. Ces analogies sont de différentes natures : dimensions et plans de cassure, matériau (marbre blanc scintillant à grains fins de type Luni), particularité pétrographique (veines micacées similaires), traces d'outil (gradine). Ces correspondances rejoignent l'étude stylistique mais n'ont pu être confirmées avec certitude, faute de tentative d'assemblage des deux blocs.
Coste 1831 ; Caumont 1846, p. 527 ; Aubenas 1881, p. XIV ; Aubenas 1886, p. 16, n°4 ; Reinach 1897-1910, I, p. 421, n° 9 ; Blanchet et alii 1932, p. 12, n° 8 ; Gébara, Béraud 1990, p. 9, fîg. 12 ; Rivet et alii 2000, p. 402-403, fig. 727 ; Lemoine 2011, p. 184 ; CAG 83/3 (2012), 8*, p. 202, fig. 257.
213 Wrede 1981.
214 Denti 19914, p. 218-219, n° 9, pl. 68-69.
215 Bieber 1962, p. III, 134 ; Papini 2000.
216 NEsp. II, Lyon, 2006, n°AI.0II, pl. 201.