Fréjus, rue Jean-Jaurès, avant 1929 . Encastrée dans un mur de la cave de Mme Valmier qui l'offrit à A. Donnadieu,
conservateur du musée archéologique.
avant 1929
indéterminé
Datation
Ier-IIe siècle apr. J.-C.
Analyse
D'après Lemoine, Y., Satre S. (collab.), Fréjus, Nouvel Espérandieu IV, Recueil général des sculptures sur Pierre de la Gaule (H. Lavagne dir.), Paris, 2013, p. 13-14.
La main est conservée entre le poignet et le milieu des doigts. La tortue est mutilée au niveau du cou (la tête, disparue, était dirigée vers l'extrémité des doigts), des pattes antérieures et de la patte postérieure droite, mais sa carapace lisse est préservée, à l'exception de la partie arrière gauche.
Ce fragment de main droite appartenait à une ronde-bosse de taille deux fois supérieure à la moyenne. Très mutilée, la main saisit une carapace de tortue par
le ventre, ce qui constitue un détail déterminant permettant de l'identifier comme appartenant à une représentation de Mercure.
Compte tenu du caractère colossal de ce fragment appartenant à une représentation de Mercure, il convient de poser l'hypothèse de l'associer à la jambe chaussée de talonnières de la même divinité retrouvée en contexte
archéologique sur le site des Poiriers (n° 017). Le remploi de la main dans le mur d'une cave d'une habitation du centre-ville, distante de plus de 400 mètres des Poiriers, ne permet pas de préciser son origine. Aucun indice n'autorise donc à confirmer cette proposition de rapprochement d'ordre strictement iconographique.
L'association entre Mercure, dieu de la musique agreste,et la tortue est couramment rencontrée dans l'iconographie gréco-romaine. En revanche, la disposition de l'animal est codifiée. Il est presque toujours placé aux pieds
de la divinité comme on le retrouve par exemple sur les stèles de Saint-Rémy-de-Provence (53), Dijon (54), Velay (55), Aubigny-la-Ronce (56), Gundershoffen (57) ou encore sur plusieurs statuettes en bronze à l'image de l'hermès au repos
du type de Montorio conservé à Vienne, en Autriche (58).
La quasi-totalité des représentations de Mercure est figurée avec une bourse tenue de la main droite, comme le montrent de nombreux témoignages dans la petite plastique en bronze (59) ou, plus rarement, dans la ronde-bosse, comme on peut l'observer sur un fragment de main découvert à Carthage (60). La main du Mercure de Fréjus s'inscrit par conséquent dans un groupe très restreint de figurations dans lequel la divinité tient une tortue dans sa main. On pourra notamment la comparer à une stèle découverte et conservée à Bordeaux (61).
Donnadieu 1929, p. 103-104 ; Blanchet et alii 1932, p. 12, n° 26 ; Rivet et alii 2000, p. 407, fig. 733.
53 Maison VIII dite d'Atys ; Espérandieu, Lantier XII (1947), 7850.
54 Espérandieu IV (1911), 3443.
55 Ibid., 3409.
56 Espérandieu III (1910), 2029.
57 Espérandieu VII (1918), 5656.
58 Inv. n° VI, 423 ; LIMC V, s.v. « Hermès », n° 965 (G. Siebert).
59 LIMC V, n° 940, 962d, 964, 972, 974a,d, 975.
60 Dutrait 1981, photographie de couverture.
61 Espérandieu II (1908), 1067.