D'après Lemoine, Y., Satre S. (collab.), Fréjus, Nouvel Espérandieu IV, Recueil général des sculptures sur Pierre de la Gaule (H. Lavagne dir.), Paris, 2013, p. 75.
Console à décor anthropomorphe qui constitue un élément d'un support de siège ou de table. Cet élément de petite dimension, qui a pu aussi appartenir à un trapézophore, représente une tête juvénile, dans une position frontale, sur laquelle repose l'abaque sans ornement. Le lit d'attente est lisse et la face arrière est démaigrie, ce qui permet également de proposer une utilisation en applique. Le bloc est brisé au-dessous du menton. Le visage conserve des traces du travail à la broche non effacées par polissage.
Le visage rond aux joues pleines et pommettes hautes a des traits effacés ; le nez, la bouche et le menton sont arrachés. Seule la commissure gauche des lèvres, figurée par un trou de foret prolongé d'une simple incision, est encore visible. Les yeux, dont la pupille n'est pas évidée, sont très stylisés : les paupières et les sourcils sont représentés par de simples incisions courbes parallèles. L'amorce du cou est visible. La coiffure est formée de mèches ondulées qui s'étalent de part et d'autre d'une raie médiane, dissimulée sous un fleuron. Les mèches encadrant le front se terminent en un enroulement qui forme une boucle dont le creux central est marqué par un trou de trépan. Une rangée de boucles aux dimensions décroissantes encadre le visage. La chevelure se détache sur les côtés par des trous de foret qui, en créant cette délimitation et en individualisant chaque élément, contribuent également à donner du volume à la coiffure. Elle se prolonge sur les faces latérales de la console. Les mèches ne sont pas travaillées comme sur la face avant mais simplement suggérées par des zones bombées parallèles, figurant une chevelure se développant vers l'arrière.
Plutôt que de suivre la notation du registre du musée évoquant une « tête de faune en relief», nous proposons une identification avec Bacchus jeune. Le fleuron, ainsi que la position haute de la boucle supérieure, rappelle les fleurs de corymbe qui ornent souvent la coiffure du dieu. Une comparaison peut être faite avec deux consoles de pieds de table conservées au musée Pio Clementino au Vatican dont l'une offre des caractéristiques similaires dans le traitement de la chevelure avec un fleuron marquant la raie médiane(420). On pourra également rapprocher cette console anthropomorphe d'un pilier avec une tête de faune datée du IIe siècle apr. J.-C., découvert dans la région d'Apt(421). De même, un parallèle peut être établi avec une console anthropomorphe figurant un personnage du cycle bacchique, de même dimension (hauteur 16,5 cm), conservée au musée archéologique de Laon(422) et datée du Ier siècle apr. J.-C. Une datation similaire est proposée pour la console de Fréjus.
CAG83/3(2012), 181*, p.477.
420 Andreae et alii 1998, p. 376.
421 Avignon, Musée Calvet, inv. n°J 413 ; Cavalier 1988, n° 33, p. 94-95.
422 Inv. n°1258/84 ; Espérandieu V (1913), 3764.