Dieu-Fleuve

Réf. NEsp : NEsp, Fréjus, 2013, 019, p. 15-16. | Réf. Esperandieu : 03-2457
  • Statue
  • Ronde-bosse
  • Marbre
  • Visuelle
  • Marbre blanc légèrement translucide à grains fins de type Luni. Marbre blanc d'Italie d'après Espérandieu et Donnadieu.
  • Ht : 45,5 cm ; lg : 16,5 cm ; Ep : 18 cm
  • Poids : 15 kg
  • Statuette
  • 86.6
  • Fréjus musée archéologique
  • Fréjus, Var (Colonia Pacensis Forum Iulii Octavanorum, Narbonnaise, Salyens )
  • Fréjus, statuette découverte dans une citerne romaine creusée dans le rocher à l'école des garçons, actuel groupe scolaire Turcan.
  • 1881-1882
  • indéterminé
  • Fin Ier - première moitié du IIe s. ap. J.-C.
  • D'après Lemoine, Y., Satre S. (collab.), Fréjus, Nouvel Espérandieu IV, Recueil général des sculptures sur Pierre de la Gaule (H. Lavagne dir.), Paris, 2013, p. 15-16.
  • Manquent la tête, le bras droit, l'avant-bras gauche, le pied gauche au-delà du cou-de-pied, les deux orteils du pied droit et l'objet sur lequel il était appuyé (amphore,outre, aiguière ?). Les extrémités d'une partie des mèches (traces d'utilisation de foret) de la barbe fournie sont visibles sur le torse.
  • Personnage masculin couché sur son flanc gauche. Il est placé sur une large base lisse. La musculature du buste et du bassin est développée. Un drapé recouvrant ses jambes est rabattu sur le haut des cuisses de manière à laisser le sexe apparent. Cette même draperie est disposée sous le corps du personnage et se prolonge jusqu'à son bras gauche qu'elle entoure. La partie intérieure de l'avant-bras est brisée. Cette détérioration a été favorisée par le percement (de 2 cm de diamètre) d'un orifice destiné au canal d'adduction d'eau qui aboutissait à l'objet (amphore, outre, aiguière) formant la bouche de fontaine et sur lequel le personnage s'appuyait. En 1886, Aubenas l'identifie comme un Jupiter en s'appuyant sur une hypothèse proposée par Villefosse et Thédenat, «tentés d'y voir un Jupiter au repos [...] Jupiter, disent-ils, porte le plus souvent un manteau ou une draperie, négligemment jetée, qui recouvre les jambes,laissant le haut du corps à nu. L'acte de vandalisme qui a privé de sa tête cette petite statue, a laissé subsister, sur la poitrine, l'extrémité d'une barbe frisée particulière aux images du Maître des dieux». En 1910, Reinach et Espérandieu, proposent d'y voir un dieu-fleuve. En 1927, Donnadieu y reconnait une «divinité fluviale, peut-être le génie des sources de Mons qui alimentaient l'aqueduc de la colonie». En 1932, Blanchet et Du Jardin, repris en 1993 par S. Klementa, l'identifient comme une «divinité fluviale ». En 1996, F. Slavazzi(75), pour sa part, repousse l'identification comme Jupiter mais prėfere y voir un satyre. La pose du personnage et sa nudité, la place de l'amphore (ou de l'outre ou de l'aiguière) sur laquelle s'appuyait son bras gauche pourraient d'abord faire penser à un silène. On serait tenté de le comparer, par exemple, à celui du musée de Nîmes, récemment étudié par C. Carrier(76), mais lorsqu'il s'agit de silène, celui-ci est toujours figuré avec un corps adipeux, les pectoraux mous et un ventre flasque. Or, le personnage de Fréjus est, au contraire, traité comme un homme jeune et vigoureux, avec une musculature très apparente, ce qui fait repousser la comparaison avec les figures de silènes. Selon nous, l'ensemble de ces caractéristiques tend à placer le personnage dans la série des divinités fluviales. Les comparaisons iconographiques sont nombreuses, notamment en ce qui concerne la posture (position sur le flanc gauche très fréquemment attestée) et la disposition de la draperie sur les jambes : voir les représentations du Nil sur la place du Capitole à Rome(77), du Tibre au Museo Pio Clementino du Vatican(78), du Tibre au musée d'Ostie(79), d'Océan au musée archéologique de Venise(80), d'une divinité fluviale à la Sala del Fauno du musée du Capitole à Romes(81). Outre les exemples donnés par B. Kapossy dans sa monographie sur le décor des fontaines, on peut comparer aussi avec le dieu-fleuve de Gorsium(82), de Carnuntum(83) ou encore celui du musée de Varsovie (Pologne)(84). En Gaule, une comparaison proche est fournie par le dieu-fleuve d'Autun qui a la même attitude(85). Pour l'exemplaire de Fréjus, sa petite taille le rattache plutôt à une fontaine domestique qui pouvait agrémenter un nymphée ou une villa comme le silène couché de la collection Cachard pouvant vraisemblablement être rattaché à la villa maritima des Baumelles à Saint-Cyr-sur-Mer(86). L'utilisation modérée du foret et les comparaisons iconographiques suggèrent une datation entre la fin du Ier siècle apr. J.-C. et la première moitié du IIe. Aubenas 1881, p. XIV ; Aubenas 1886, p. 15, n° 3 ; Reinach 1897-1910, IV, p. 28, n° 1 ; Espérandieu III (1910), 2457 ; Donnadieu 1927, p. 132-133. fig. 68 ; Blanchet et alii 1932, p. 11-12, n° 7 ; Du Jardin 1932, p.59, n. III, 16 ; Kapossy 1969, p. 24 ; Klementa 1993, p. 170, note 459 ; Rivet et alii 2000, p. 189-190 ; CAG 83/3 (2012), 42*, p. 314, fig. 460.

    75 Slavazzi 1996, p. 91-92, n° 131.
    76 Carrier 2008 ; Carrier 2009, p. 97-98, fig. 3.
    77 Klementa 1993, p. 16-17, pl. 3.5.
    78 Andreae et alii 1998, III.2, 600, pl. 103.
    79 Ibid., p. 53. pl. 19-37.
    80 Ibid., p. 73. pl. 24.48.
    81 Tbid., p. 158, pl. 37.73.
    82 Fitz, Fedak 1993. p. 266, fig. 4.
    83 Krüger 1967, n° 25, p. 17, pl. 10.
    84 Mikocki 1994, n° 52, pl. 36-37.
    85 Autun, 1987, n° 656, p. 330.
    86 Bout de Charlemont 1905 ; Duprat 1935, p. 78, n° 37 : « Silène couché, le bras appuyé sur un ornement ayant une ouverture pour tuyau d'eau. La statuette est brisée au-dessous du nombril. Marbre. Long. 0,22 ; larg. 0,22 ; CAG 83/2 (1999), 112, 18*, p. 648: « Collection Cachard : Silène couché servant d'ornement de déversoir.»