Portrait de Néron/Domitien

Réf. Esperandieu : 09-6766 ; 10-7468
  • Tête (Tête à sabot d'encastrement.)
  • Ronde-bosse
  • Marbre
  • Visuelle
  • Ht : 36 cm
  • Grande taille
  • Portrait de Néron retravaillé en Domitien.
  • Néron type Munich ; Domitien type I : 72-75 ap. J.-C.
  • D'après ROSSO 2006 : Rosso, E., L'image de l'Empereur en Gaule romaine. Portraits et inscriptions, Paris, 2006, p. 419-421.
  • La tête est très érodée ; le portrait est retravaillé, ce qui est particulièrement visible sur la calotte crânienne. La chevelure a été bûchée sur toute sa surface, excepté dans la nuque, où de longues mèches forment un « bourrelet » ; les oreilles n'ont pas été totalement dégagées de la masse de l'ancienne chevelure. Le nez, le menton et les joues semblent avoir été modifiés : on observe des traces d'outils sur le visage. Le cou, trop large, montre clairement que le remodelage du visage a entraîné une diminution de son volume.
  • La succession de deux visages, qui na été établie que récemment, a entraîné ici des difficultés d'identification bien compréhensibles. Ce sont M. Bergmann et P. Zanker qui, dans leur étude fondamentale sur les effets de la damnatio memoriae de Néron dans le domaine du portrait, ont identifié le dernier des empereurs julio-claudiens dans la première « version » du portrait de Vaison. Il ne reste de cette effigie qu'une partie du visage — la zone des yeux en particulier — et quelques mèches de cheveux dans la nuque,qui assurent l'identification avec Néron mais ne permettent pas de préciser à quel type de son iconographie elle se rattachait. Si les traits du visage sont très proches des répliques du type Munich (505), le volume crânien permet de la rapprocher de certains exemplaires du type Cagliari. Le « second » portrait, celui qui nous est parvenu, a suscité diverses propositions d'identification : J. Sautel y voyait un portrait privé, celui d'un « fonctionnaire en charge au moment de la démolition du théâtre(506)». Depuis lors,on y reconnaît le plus souvent un portrait de Domitien, malgré les réticences de G.Daltrop et H.Jucker. Il est vrai que,par rapport aux effigies assurées de Domitien,le nez est trop petit, le menton insuffisamment proéminent, et la bouche ne présente pas la saillie de la lèvre supérieure si caractéristique des portraits de cet empereur ; mais on peut imputer ces différences au « remploi ». De toute évidence, la matière a manqué au sculpteur pour réaliser une effigie de Domitien qui soit « ressemblante ». On peut même se demander si la transformation de Néron en Domitien a vraiment été achevée ; le travail semble avoir été interrompu avant que ne soient individualisées les mèches frontales de cette seconde effigie ; un trou de trépan visible au-dessus de l'angle externe de l'oeil gauche pourrait être un premier essai dans ce sens. Il demeure qu'en l'absence de détermination de l'indice capillaire, l'attribution à Domitien, pour être fortement probable, ne saurait être assurée : elle repose essentiellement sur la ressemblance des traits du visage et des considérations d'ordre « statistique », la plupart des effigies du type I de Domitien ayant été retravaillées dans des portraits de Néron. Il est à noter que le volume de la calotte crânienne, la masse capillaire importante de ces portraits de Néron, la structure du visage, très large aux pommettes, mais aussi la ressemblance physique parfois étonnante existant entre les deux empereurs se prêtaient particulièrement bien à la reprise des effigies du premier,ce qui peut expliquer la fréquence du phénomène : le portrait de Vaison est fort proche, à cet égard,de la tête du Palazzo Pallavicini-Rospigliosi (507),à Rome. Le cas de Vaison est intéressant car il témoigne de l'activité de sculpteurs locaux capables d'adapter ainsi des effigies officielles.

    505. Du nom de la tête de série conservée à la Glyptothèque de Munich, inv. 321 : M. BERGMANN - P. ZANKER, 1981, fig. 9 a-d, p. 328.
    506. J. SAUTEL, 1926, II, n° 344.
    507. F. BERGMANN - P. Zanker, 1981, fig. 31 a-b p. 359.