Portrait de Marc Aurèle

Réf. Esperandieu : 02-0961
  • Marc Aurèle (Empereur)
  • Cuirasse ; Fibule ; Foudre ; Méduse ; Paludamentum
  • Buste (Buste cuirassé à paludamentum)
  • Ronde-bosse
  • Marbre
  • Visuelle
  • Marbre d'Italie
  • Ht : 76 cm ; lg : 53,5 cm ; Ep : 29 cm
  • H. tête : 34,5 ; H. piédouche moderne : 13 cm.
  • Grande taille
  • Base du piédouche moderne.
  • 30 108
  • Toulouse musée Saint-Raymond
  • Martres-Tolosane, Haute-Garonne (Indéterminé, Narbonnaise, indéterminé)
  • Découvert dans la villa romaine de Chiragan.
  • 1826-1830
  • Villa
  • Type IV : 170-180 ap. J.-C.
  • D'après ROSSO 2006 : Rosso, E., L'image de l'Empereur en Gaule romaine. Portraits et inscriptions, Paris, 2006, p. 461-463.
  • Ce buste est dans un excellent état de conservation : l'ensemble est presque intact. Seule manque la base du piédouche ; l'extrémité de la calotte crânienne a été recollée.Il est cependant à déplorer que l’œuvre ait été autrefois nettoyée à l'acide, ce qui a laissé des traces jaunâtres.
  • Le paludamentum du buste cuirassé est attaché sur l'épaule gauche au moyen d'une fibule rosacée ; la cuirasse, portée sur une tunique qui dépasse de l'encolure carrée, est décorée d'une tête de Méduse ; les épaulières sont ornées d'un foudre. La représentation est très frontale: le personnage a la tête et les yeux dirigés vers l'avant. Il porte une coiffure bouclée, dont les mèches se répandent symétriquement de part et d'autre d'un axe situé dans le prolongement du nez : après deux mèches «affrontées» en forme de virgule ou, plus exactement, de «flammes», selon l'expression de K. Fittschen (603), qui forment le motif central, les cheveux sont peignés vers l'extérieur et vers le haut. Les boucles de la barbe sont très longues et forment sur le cou et le menton des enroulements qui les individualisent ; la moustache est longue, cachant la lèvre supérieure. L'iris et la pupille sont incisés, et les paupières supérieures sont lourdes et épaisses. La chevelure et, dans une moindre mesure, la barbe, sont parcourues de fins canaux réalisés au trépan ; l'arrière est sculpté avec soin, mais avec moins de précision. L’œuvre dénote une maîtrise remarquable et est d'une excellente facture, même si elle n'échappe pas à un certain académisme et à une certaine froideur : les plis de la tunique et du paludamentum, notamment, sont raides, rendus par des canaux rectilignes, sans grande souplesse. Malgré tout, ce buste est sans doute issu d'un atelier officiel romain, sans doute celui qui nous a livré une réplique conservée au palais Braschi à Rome (605), comme le suggèrent K. Fittschen (606) et, à sa suite, D. Cazes (607): on retrouve en effet le même visage entièrement lisse, une même fixité dans le regard, les mêmes yeux qu'une paupière supérieure lourde rend presque «globuleux». E. Espérandieu déjà avait reconnu l'empereur Marc Aurèle dans ce portrait. Il est représenté ici selon le quatrième type de son iconographie, appelé aussi à la suite de M. Wegner «type Museo Capitolino, imperatori 38 (608)», du nom du «Leitstück» choisi par cet auteur ; ce type est connu par une quarantaine de répliques qui présentent toutes les motifs capillaires caractéristiques du front et des tempes, mais peuvent différer sensiblement les unes des autres. Il se différencie du type III par une barbe plus longue et un arrangement symétrique de la frange frontale : les mèches sont peignées vers l'extérieur de part et d'autre de deux mèches en forme de flammes situées au centre du front. Particulièrement caractéristiques sont le profil gauche, avec ses boucles émergeant de la barbe et descendant jusque sur le cou, et la moustache, qui recouvre partiellement la lèvre supérieure. La date de création de ce type n'est pas absolument certaine : tout au plus peut-on affirmer qu'il s'agit du dernier type iconographique de Marc Aurèle, dans la mesure où on ne le retrouve que sur des effigies de la fin du règne. Deux dates ont été proposées par les chercheurs successifs : 169 et 176 ap.J.-C. ; la seconde, qui correspondrait à son triomphe sur les Sarmates et les Marcomans paraît trop tardive, et c'est sans doute la première qu'il faut retenir : K. Firschen propose de mettre la création du type en relation avec la fin de son corègne avec Lucius Verus ou avec l'un des succès militaires postérieurs à cette date ; j'opterais pour ma part plutôt pour la première hypothèse. Par conséquent, la plupart des répliques, et celle de Toulouse en particulier, doivent dater de la période située entre 170 et 180 ap. J.-C. Pas plus que l'occasion exacte de création, la signification politico-idéologique de ce type IV n'est connue ; M. Bergmann a souligné la ressemblance que cette image présente avec celles de Jupiter. L'exemplaire de Toulouse, dont la cuirasse porte un décor de foudre sur les épaulières, contribue à confirmer cette comparaison. Ce type de buste, avec cuirasse et paludamentum, est employé p'ur un grand nombre de repliques du type IV, de sorte qu'on peut se demander si l Urbild ne représentait pas l'empereur de cette façon.
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