Statue d'Auguste

Réf. Esperandieu : 02-1694 ; 11-7809
  • Statue
  • Ronde-bosse
  • Calcaire ; Marbre
  • Visuelle
  • Statue de marbre blanc (tête et torse) et calcaire (draperie)
  • Ht : conservée : 230 cm
  • Colossal
  • 92.002.15267
  • Arles musée départemental Arles Antique
  • Moulage au musée de Saint-Germain-en-Laye
  • Arles, Bouches-du-Rhône (Colonia Iulia Paterna Arelate Sextanorum, Narbonnaise, Salyens )
  • Découverte dans les fouilles du théâtre antique ; le torse en 1750.
  • 1750
  • Théâtre
  • 20-10 av. J.-C. ?
  • Type statuaire
  • D'après ROSSO 2006 : Rosso, E., L'image de l'Empereur en Gaule romaine. Portraits et inscriptions, Paris, 2006, p. 325-327.
  • La tête est bien conservée : seules manquent l'extrémité du nez et celle de l'oreille gauche. D. Boschung précise que la tête et le torse n'ont pas été sculptés dans un même bloc de marbre mais assemblés ultérieurement. Selon lui, la nuque était stuquée pour masquer le raccord. Cette partie est aujourd'hui cachée par un tenon en métal. Le torse, travaillé à part, vient s'enchâsser dans une draperie en calcaire.

  • L'empereur est figuré à demi-nu, le bas du corps enveloppé dans une draperie. L'arrachement visible sur l'épaule gauche pourrait s'expliquer par la présence à cet endroit, à l'origine, d'un pan de vêtement, tandis que le bras droit, dont le départ est conservé, était placé le long du corps et légèrement tendu vers l'avant. Le type statuaire, appelé « Hüftmantelstatue» dans la tradition archéologique de langue allemande, est fréquent à l’époque julio-claudienne : on le retrouve sur une statue d'Auguste provenant de Thessalonique(317), mieux conservée, sur laquelle l'empereur retient sur son avant-bras un pan du manteau. Le visage présente une légère inclinaison vers le bas : cela peut être dû au raccord entre la tête et le torse, mais on peut y voir le signe de ce que la statue était placée en hauteur dans une des niches de la frons scaenae. Visage et cou sont particulièrement larges, l'expression n'est pas dénuée d'une certaine mollesse ; les plis naso-labiaux sont fortement creusés, une longue ride parcourt le front. Les mèches de la frange frontale, des tempes et des favoris, en assez fort relief, sont précisément et profondément ciselées, tandis que l'arrière de la tête est travaillé plus sommairement. La tête est une réplique du type Prima Porta : on retrouve en effet la séquence caractéristique «fourche-pince » dans la moitié droite de la frange. Le portrait arlésien est étonnamment proche, du point de vue de la facture et de la physionomie, d'une tête découverte dans le théâtre de Volterra (318) : le traitement du visage est si semblable -largeur du visage, bouche à la lèvre supérieure retroussée et aux commissures très marquées, menton rond, « crispation » au niveau du front et des sourcils - que je les croirais volontiers sorties d'un même atelier. La datation du portrait est plus problématique : le type ayant été reproduit invariablement des années 20 av. J.-C. à la mort d'Auguste et bien au-delà, on ne saurait trouver là d'indication chronologique précise. II en va de même du contexte de découverte : l’aménagement du théâtre d'Arles est précoce et se situe dans les deux dernières décennies avant le changement d'ère, mais rien ne prouve que la statue ait fait partie du programme iconographique initial. Par conséquent, il reste à analyser le type statuaire. II est couramment employé à titre posthume pour les empereurs et les princes héroïsés de la famille impériale à partir du règne de Tibère, mais le moment de son apparition demeure incertain. La question est essentielle, puisqu'elle permettrait de savoir si cette effigie héroïsante a pu être érigée du vivant de l'empereur, ou s'il faut y voir un hommage posthume. P. Gros justifie l'emploi du type statuaire par la thématique apollinienne déclinée sur plusieurs modes dans la décoration du théâtre (319). Auguste serait représenté ici de son vivant, habitu ac statu Apollinis, comme il l'était dans l'une des bibliothèques palatines. Toutefois, plusieurs chercheurs s'accordent pour dire qu'il a été employé pour la première fois dans un contexte officiel pour les effigies du diuus Iulius, et qu'il ne l'a été de nouveau par la suite que pour le diuus Augustus. Or, nous avons vu que la tête était rapportée, ce qui ne peut s’expliquer, étant donné le type statuaire, que par une réutilisation de la statue. Celle-ci n'a donc porté la tête d'Auguste que dans un second temps. Il paraît donc très vraisemblable que, comme le suggère D. Boschung, nous soyons en présence d'une effigie du diuus lulius réutilisée après 14 pour le princeps lui-même ; une étude stylistique indépendante conduit d’ailleurs le chercheur allemand à dater la réplique d'Arles du règne de Tibère. Il faudrait donc en toute rigueur étudier tête et corps séparément l'un de l'autre. Il ne serait en rien étonnant qu'une statue de César divinisé ait pris place dans la décoration initiale de l'édifice : la titulature de la colonie, colonia lulia Paterna Arelate, ne porte-t-elle pas le souvenir du père de l'empereur ? Sous le règne de Tibère, les exigences de la représentation d'une continuité et d'une légitimité dynastiques auraient conduit à transformer la statue à la ressemblance du nouveau référent qu'était Auguste. La présence de la partie inférieure d'une statue colossale en marbre d'excellente facture permet de supposer l'existence d'autres effigies impériales qui seraient venues enrichir le programme sculpté d'un édifice placé sous le signe de la domus Augusta. 317. Thessalonique, Musée archéologique, inv. 1065. 318. Volterra, Museo Etrusco Guarnacci: D. Boschung, 1993a, cat. 205 p. 192-3. pl. 126. 319. Voir en dernier lieu pour une reconstitution du programme décoratif apollinien du théâtre d'Arles, D. Boschung, 2002, n° 23-1 à 23-5 et Beilage 8.

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