Statue de Claude

Réf. Esperandieu : 09-6772
  • Claude (Empereur)
  • Couronne civique ; Tronc d'arbre
  • Statue
  • Ronde-bosse
  • Marbre
  • Visuelle
  • Ht : 210 cm
  • Grande taille
  • Les restaurations affectent la zone des yeux, comme le montrent les photographies anciennes.
  • type Cassel : 41-42 ap. J.-C.
  • D'après ROSSO 2006 : Rosso, E., L'image de l'Empereur en Gaule romaine. Portraits et inscriptions, Paris, 2006, p. 413-416.
  • Contrairement à ce que note H. Jucker(495), les restaurations n'affectent pas la frange, mais uniquement la zone des yeux,comme le montrent les photographies anciennes. H. Jucker, tout en reconnaissant qu'aucune trace claire de reprise de l’œuvre n'est visible, propose d'en faire un portrait de Caligula retravaillé, dans la mesure où la couronne de chêne lui paraît trop imposante ; une telle hypothèse ne me semble pas nécessaire. 495. H.Jucker, 1977, p.57 n.3 : «die in den Haaren völlig zerstörte Bildnisstatue ».
  • L'empereur est représenté torse nu, le bas du corps enveloppé dans un vêtement dont le drapé, qui descend du côté droit jusqu' au niveau des genoux, enserre la taille et vient s'enrouler sur l'avant-bras gauche avant de retomber librement le long de la jambe. La jambe droite portante est doublée à l'arrière par un support de type tronc d'arbre. La tête est tournée vers la gauche et surmontée d'une imposante couronne de chêne, maintenue par des bandelettes qui devaient retomber sur les épaules. La partie sommitale du crâne et la couronne sont sculptées dans une pièce de marbre différente. Le très mauvais état de conservation du visage et les restaurations importantes qui l'affectent ne permettent pas de se taire une idée précise des traits ; seules la partie inférieure du visage et la frange sont intactes. Le portrait reproduit très clairement le «type Cassel» des portraits de Claude : les traits du visage sont à la fois juvéniles, apaisés et réguliers, traits que l'on a qualifiés avec raison de classicisants. Les motifs de la frange sont copiés avec précision et l'exemplaire de Vaison constitue l'une des très bonnes répliques de ce type, le premier de l'iconographie de l'empereur. La présence de la corona ciuica sur plusieurs répliques du type atteste qu'il était en vigueur après l'avènement. Deux études récentes ont contribué à éclairer à la fois sa datation et sa signification ; l'étude de M. von Kaenel sur le monnayage de Claude, tout d'abord, qui a révélé que le type Cassel, avec ses caractéristiques si reconnaissables, cesse brutalement d'être reproduit quelques mois à peine après l'avènement (dans le courant de l'année 41-42 ap.J-C.) pour être remplacé par le type « réaliste », celui que la plupart des portraits nous ont transmis ; dès lors l'empereur apparait avec des traits vieillis, un cou long et épais, un front parcouru de rides. Il semblerait donc qu'il y ait eu, au cours de la même année, création de deux types officiels de conception radicalement différente. C'est A. K. Massner qui, partant de ce constat, a tenté d'expliquer l'abandon du premier type de l'avènement de Claude: elle a mis en évidence le fait que le type Cassel correspond d'un point de vue formel à une citation presque parfaite du type de l'avènement de Tibère, alors que le type principal est quant à lui un « décalque » du type de l'adoption du même Tibère ; or, à travers la référence à Tibère, il s'agit non seulement de faire oublier l'épisode caliguléen, mais aussi de définir un certain type de légitimation au sein de la dynastie julio-claudienne. En effet, l'adoption, dans un premier temps, des motifs du type de l'avènement de Tibère signifie, selon Massner, que Claude s'est d'abord défini en tant que claudien, puis, en « récupérant» par la suite la charge idéologique du type de l'adoption, a choisi de se présenter comme julien et donc avant tout comme le successeur d'Auguste. Il est bien évident que nous ignorons tout des raisons qui ont conduit à ce changement, des personnes qui en ont décidé ainsi, et surtout- et c'est peut être là le point délicat de l'argumentation de Massner -de l'« impact » qu'il a pu avoir sur le spectateur contemporain. Il n'en demeure pas moins que l’hypothèse est séduisante et permet de rendre compte de façon satisfaisante d'une anomalie à la fois iconographique et historique. La conséquence en est que le type Cassel a dû être reproduit pendant un court laps de temps, ce qui permet peut-être d'expliquer le nombre réduit des répliques qui nous sont parvenues ; si l'on suit la datation de von Kaenel et de Massner, il faut admettre que le portrait de Vaison est de peu postérieur à l'avènement. Toutefois, la question demeure de savoir si ce type, précisément en raison de son classicisme et de l'idéalisation qu'il comporte, n'a pas pu être copié pour des effigies posthumes de l'empereur. Une telle datation pourrait être suggérée à la fois par le type statuaire et par le contexte, qui a livré une dédicace au diuus Claudius ainsi qu'un portrait de Néron (retravaillé en Domitien).