Portrait de Caligula retravaillé

  • Tête
  • Ronde-bosse
  • Marbre
  • Visuelle
  • Marbre blanc de Carrare ?
  • Ht : 46 cm
  • H. tête = 28 cm
  • Taille naturelle
  • On observe sur le nez, au coin de la bouche du côté gauche et sur le menton, des trous qui ont pu être pratiqués dans le but d'y fixer des restaurations.
  • FON.66.00.2
  • Arles musée départemental Arles Antique
  • Fontvieille, Bouches-du-Rhône (Indéterminé, Narbonnaise, indéterminé)
  • Découverte en 1965 à Fontvieille, où elle était encastrée dans un mur, dans l'ancienne église du village.
  • 1965
  • indéterminé
  • Règne de Caligula
  • D'après ROSSO 2006 : Rosso, E., L'image de l'Empereur en Gaule romaine. Portraits et inscriptions, Paris, 2006, p. 330-332.
  • La tête est très endommagée : les oreilles et le nez ont presque totalement disparu, la bouche et le menton ont été retravaillés puis endommagés à leur tour.L'épiderme du marbre est très usé, en particulier au niveau de la chevelure. On observe sur le nez, au coin de la bouche du côté gauche et sur le menton, des trous qui ont pu être pratiqués dans le but d'y fixer des restaurations.
  • La découpe du plastron de tête à sabot d'encastrement indique qu'elle s'insérait sans doute dans une statue en toge. La tête est légèrement tournée vers la droite ; les cheveux ne sont sculptés avec soin qu'à l'avant de la tête, si bien qu'on pourrait penser que l'effigie était à l'origine uelato capite. L'usure de l’œuvre est telle qu'on ne peut en apprécier les détails ; le menton et le nez sont informes ; le visage est plein et les paupières supérieures épaisses. La frange frontale est usée mais apparemment conservée dans son intégralité; les mèches sont peignées en direction des tempes de part et d'autre d'une « fourche» centrale ; de chaque côté, à hauteur des tempes, deux petites mèches se recourbent vers l'intérieur, formant deux «pinces» fermées. Ce portrait a donné lieu aux interprétations les plus diverses, en raison sans doute de son état de conservation ; d'abord considéré comme une effigie de Caius César, il a ensuite été identifié avec Lucius, et c'est cette proposition qui paraît avoir retenu l'attention dans la littérature archéologique française. P Gros, s'appuyant sur la probable origine arlésienne du portrait de Fontvieille, l'a rapproché de la tête trouvée dans les cryptoportiques, en faisant remarquer que la taille et le marbre en sont identiques. Comme il identifie cette dernière avec Caius, il propose de voir Lucius dans le second et restitue ainsi un groupe dynastique. Toutefois, de sérieuses objections iconographiques compromettent cette séduisante interprétation ; par ailleurs, l'utilisation, dans les deux cas, du marbre de Carrare et l'adoption d'un format qui correspond à la grandeur naturelle, c'est-à-dire deux caractéristiques communes à l'immense majorité des portraits officiels, ne sauraient constituer en la matière des arguments décisifs. L'iconographie des Caesares s'est pendant longtemps heurtée au fait que l'on savait les deux jeunes gens présents dans le groupe de la basilique de Corinthe, sans qu'il soit possible d'établir avec certitude lequel était Caius et lequel Lucius. F. Chamoux a tenté de sortir de l'impasse en faisant remarquer que le plus "sérieux" des deux devait être l'aîné, Caius, représenté comme conscient de son rôle d'héritier du trône. Cette étude a sans doute conduit F. Benoit à reconnaitre également Caius dans le portrait de Fontvieille. Toutefois P Zanker, fondant sa réflexion sur l'examen des caractéristiques typologiques des portraits de Corinthe et sur l'Angleichung existant avec les portraits d'Auguste du type Prima Porta, a inversé les identifications. L'indice capillaire du portrait de Fontvieille présente, il est vrai, d'importantes ressemblances avec celui de Caius César ; mais il n'est pas pour autant semblable. Sur les effigies de Caius en effet, la fourche principale n'est pas parfaitement centrale comme ici, mais légèrement décalée vers la droite, et les mèches descendent plus bas sur le front ; en outre, du côté gauche, la petite pince présente sur le portrait de Fontvieille n'apparaît pas. Il ne s'agit donc pas du même personnage. Cet indice capillaire se retrouve en revanche à l'identique sur les portraits de Caligula, ainsi que l'ont établi H. Jucker et D. Boschung. Le volume de la boîte crânienne, l'inclinaison de la tête et les mèches des tempes viennent confirmer l'identification. Il me semble donc que c'est cet empereur (et non l'un des Caesares) qui est figuré ici, selon le type principal (« Haupttypus ») de son iconographie. L'effigie peut donc être datée du court règne de Caligula, soit entre 37 et 42 ap. J.-C. Cette identification permet de mieux comprendre pourquoi le portrait a été retravaillé : F. Benoit pensait qu'il ne l'avait été qu'à l'époque médiévale, pour figurer le visage d'un ange dans l'église de Fontvieille. En réalité, il s'insère dans la longue liste des portraits impériaux transformés dans l'Antiquité à la suite de la damnatio memoriae de l'empereur qu'ils représentaient - les « portraits palimpsestes» étudiés par H. Jucker, puis par M. Bergmann et P. Zanker.