D'après Lemoine, Y., Satre S. (collab.), Fréjus, Nouvel Espérandieu IV, Recueil général des sculptures sur Pierre de la Gaule (H. Lavagne dir.), Paris, 2013, p. 65-66.
Fragment de placage d'un chapiteau de pilastre sculpté en bas-relief. La plaque est brisée sur trois côtés ; seul son lit supérieur est conservé.
Il présente un trou de scellement axial où se logeait une agrafe ou un crampon de fixation métallique dont des traces sont conservées. La face arrière qui correspond au lit d'assemblage est lissée. Elle présente une bande centrale en saillie par rapport à deux zones latérales démaigries, ce traitement étant peut-être prévu pour encastrer le chapiteau ou témoignant d'un remploi de l'objet.
La scène, ornant le registre supérieur du chapiteau, représente deux dauphins au corps fuselé, entrecroisés devant un trident dont le manche végétalisé marque
vraisemblablement l'axe de symétrie du support. Les deux animaux marins au corps allongé ont la tête, au-dessus de laquelle est figurée la nageoire dorsale,
tournée vers le bas. L'extrémité de leurs queues, qui encadrent la fourche du trident, s'inscrit sur la zone habituellement réservée à l'abaque et qui pourrait être évoquée ici par un traitement légèrement différent de la surface sculptée. L'élément végétal courbe qui encadre la scène sur le côté droit devait avoir son pendant à gauche. La composition est figurée sur un fond dépourvu
de toute ornementation. La représentation de paires de dauphins, animaux
de Neptune, comme motif décoratif sur des chapiteaux de colonne ou de pilastre en remplacement des volutes, associée à des éléments végétaux (feuilles
d'acanthe, enroulements floraux...) est largement attestée. En Gaule, des chapiteaux de pilastre ornés de la composition classique de dauphins affrontés de part et d'autre d'un élément central (coquille, palmette...) ont été découverts à Arles(369), Vienne (370), Lyon (371) ou encore à Périgueux (372). L'originalité réside ici dans l'interprétation de la composition ; les dauphins sont entrecroisés devant le motif, schéma qu'on retrouve sur un chapiteau de pilastre conservé au musée de Gubbio et sur un autre exemple au Musée national de Naples(373).
CAG 83/3 (2012), 181*, p. 477, fig. 732.
369 Sintès, Moutashar 1996, p. 48.
370 NEsp. 1, Vienne, 2003, n°429-431, p. 182-183.
371 NEsp. II, Lyon, 2006, n° 466, p. 158.
372 Mercklin 1962, n° 533, p. 28-29.
373 Ibid., n° 518, p. 212-213, n° 522a-b, p. 214.